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Frederic Pinto

Frédéric a rejoint l’équipe d’AFRANE à Kaboul en mars 2011 en tant que Coordinateur de projets. Sa mission s’est terminée en mars 2013.

Peux-tu nous décrire ta mission au sein d’AFRANE ?
Mon travail consiste principalement à aider à la rédaction de propositions de projets pour les recherches de financements en collaboration avec la responsable administrative et financière auprès de laquelle j’ai beaucoup appris. Je suis également en charge de suivre l’avancement des activités que nous entreprenons sur le terrain. Cela passe par des déplacements réguliers à Tcharikar où nous soutenons 5 écoles, ainsi que dans le quartier de Dacht-e Bartchi à Kaboul où nous soutenons 3 écoles. Lors de ces déplacements j’essaie de vérifier les indicateurs donnés par les écoles sur les effectifs et sur le taux d’absentéisme des élèves et des professeurs en visitant les classes et en comptabilisant élèves et professeurs. J’en profite aussi pour vérifier la bonne utilisation des laboratoires et bibliothèques mis en place par AFRANE dans les écoles.

Pourrais-tu nous faire un bilan de ton évolution au sein d’AFRANE depuis un an ?
A titre personnel, au cours des six premiers mois de la mission j’ai eu une impression de lenteur car nous étions dans l’attente de réponses de nos principaux bailleurs, ce qui bloquait un peu nos projets. Lors de la visite d’un évaluateur pour un projet cofinancé par l’AFD, AFRANE a reçu un avis très positif et cela a renforcé ma confiance en moi car mon travail a été valorisé. Par ailleurs, rédiger des proposals en anglais m’a beaucoup aidé à m’améliorer dans la pratique de la langue. Depuis le début de ma mission j’ai aussi gagné en autonomie sur mon poste. A partir du moment où nous avons reçu un financement du Canada, nous avons eu très peu de temps pour mener les actions prévues, et il a donc fallu redoubler d’efficacité. Nous avons alors développé des outils de suivi qui nous aident aujourd’hui sur les autres projets. Cette pression nous a finalement permis de mieux nous organiser.

Quelles sont tes relations avec les afghans ?
Parmi le staff local, je suis très ami avec le coordinateur pédagogique et le chargé de projets Tcharikar/Kaboul, ainsi qu’avec l’équipe de gardiens. Je suis également proche d’un afghan ayant été élevé à Tours ; ville où j’ai vécu de nombreuses années. Les afghans ont le sens de l’accueil, une très grande politesse et beaucoup d’humour, mais il est un peu difficile de passer cette barrière. A part avec les collègues de travail, j’ai peu de relations avec des afghans car dans ce contexte d’expatriation, on a souvent tendance à aller à la facilité et à se retrouver entre « semblables ».

Comment décrirais-tu le contexte sécuritaire en ce moment à Kaboul ?
Même si l’on respecte certaines règles, je ne ressens pas vraiment les problèmes de sécurité. Il faut dire que j’ai une expérience précédente de deux ans au Tchad qui était à cette période plus dangereux que Kaboul ne l’est aujourd’hui. Par ailleurs les cibles sont davantage le gouvernement, les ambassades ou les travailleurs des Nations Unies. Dans la vie quotidienne nous pouvons circuler à pieds dans le quartier dans un rayon de 400 m autour du bureau et de la guest house mais nous n’allons pas dans les bazars ou les lieux d’affluence. C’est MADERA, notre ONG partenaire, qui nous donne régulièrement les consignes de sécurité. Un code couleur a été mis en place selon si l’on doit rester à la guest house ou si l’on peut circuler. Globalement nos sorties sont souvent pour se rendre au restaurant ou dans les autres ONG.

Quelles sont les difficultés que tu rencontres dans ta mission ?
Bien que nous soutenions logistiquement des écoles, nous ne sommes pas maîtres de leur gestion et cela rend parfois les choses frustrantes. Dans ma mission précédente j’étais directeur d’une bibliothèque, et quand il y avait un problème, c’était facile à régler. Mais ici nous ne sommes pas directeurs d’écoles et quand les choses ne sont pas faites comme il le faudrait, on ne peut rien y faire. Il arrive par exemple que l’on constate que le matériel distribué n’est pas utilisé, ou que le taux d’absentéisme relevé ne corresponde pas à la réalité. C’est d’ailleurs pour ça qu’AFRANE met en place ses formations des directeurs d’écoles, des bibliothécaires et des laborantins. Il y aussi la barrière de la langue. J’ai pris quelques cours de dari et j’ai des notions d’arabe littéraire donc je peux comprendre certaines conversations, mais difficilement y prendre part. Cela peut être gênant lorsque l’on veut faire passer un message aux directeurs, car même si nous avons des traducteurs, ça joue sur l’influence que l’on peut avoir.

Quelle est ton opinion sur l’action d’AFRANE et son fonctionnement ?
J’aime travailler avec AFRANE car il y a un certain esprit de service. Nous faisons beaucoup avec peu de ressources et de frais de fonctionnement. Et puis il y a un historique de trente ans. Il y a assez peu de turn over parmi les salariés afghans et certains formateurs restent attachés à AFRANE. Cette fidélité est un atout pour nos projets. Par ailleurs, les autres expatriés à Kaboul ont globalement une bonne image d’AFRANE car c’est une petite structure, parce que le domaine de l’éducation est valorisant et aussi pour son histoire.

Un souvenir qui t’a marqué ?
Mon voyage à Hérat et à Bamiyan, deux lieux magnifiques ! J’ai aussi eu l’honneur d’être invité à une cérémonie soufie qui avait lieu dans une petite pièce avec 80 personnes. J’ai eu le sentiment d’être extérieur car mal préparé à l’évènement, mais c’était une expérience assez impressionnante.